À toi qui lira ces quelques lignes et qui te retrouveras peut-être à travers ce récit …
Je m’appelle Amla et viens de l’orphelinat d’Amravati, j’ai été adoptée à l’âge de 2 ans1/2 par une famille française.
Je n’ai que peu d’informations sur les éléments qui ont fait que j’ai été placé dans un orphelinat si ce n’est que ma mère m’a gardé un mois avec elle et peut-être l’évocation d’une naissance prématurée. Rien n’est vraiment sûr, d’ailleurs souvent quand j’évoque mon prénom beaucoup d’indiens me disent que c’est peu courant en Inde. Quand à ici en France très peu percute que mon prénom est composé avec bien la présence d’un trait d’union entre le français et l’indien. J’ai en horreur quand on m’appelle que par mon prénom français par plus de facilité pour eux qui refusent de faire l’effort et/où de le prendre en considération remarque bien souvent ils m’appellent Alma au lieu de Amla. C’est un petit rien mais en dehors de mon apparence physique c’est un des seuls petits trésors que j’ai d’Inde : Mon prénom et j’en suis fière tout comme mes gênes indiens n’en déplaisent à certains. Plus je grandis et plus je me sens indienne. J’ai souvent beaucoup de mal à me retrouver avec l’esprit ici. Ils vivent à 100 et s’excitent très rapidement pendant que moi j’aime prendre le temps d’observer, d’écouter et aider. Néanmoins je ferais jamais le pas en premier dans une relation qu’elle qu’elle soit, j’ai besoin d’être apprivoisée et j’ai beaucoup de mal à laissé entrer quelqu’un dans mon sillage. Tout simplement peur d’être abandonné à nouveau sans doute.
Curieusement, je n’ai pas eu beaucoup de problème durant mon enfance car mes parents m’ont toujours dit la vérité sur mon adoption et le reste de ma famille m’a toujours considéré comme une dès leurs.
Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai commencé à avoir des problèmes identaires, j’étais dans une période de rébellion et de questionnements profonds. C’est à dire que je ne comprenais pas pourquoi ma maman biologique m’avais laissé et pourquoi elle ne m’avait laissé aucune information sur elle alors oui j’avoue je me suis mis à lui écrire, certaines lettres était gentille, d’autres poignantes à la représentation de l’état de mon cœur que je sentais piétiner, arracher comme si il manquait une partie de moi pour faire qu’un. La nuit, je rêvais d’elle et essayait de me la représenter physiquement et humainement : Aimais t’elle les mêmes choses que moi, avait elle mes qualités et défauts, me ressemblais t’elle ?
En plus beaucoup d’amis me ramenaient à l’histoire de mon adoption en me disant « Ma pauvre cela doit être si dure pour toi de ne pas connaître tes racines … » et me demandais de relater mon histoire si ils savaient comment j’avais envie de les envoyé chier à ce moment-là excusez moi l’expression et le pire que j’ai pu entendre c’est de la part d’une connaissance de classe donc ok tu as été adopté mais ta famille c’est pas ta famille et quand je parlais de mes cousines me reprenais en me disant t’es fausse cousines ! C’est là que tu te rends compte que l’être humain peut-être cruel et sans cœur. Le fait que je sois claire, j’ai eu très peu de problèmes de racisme. Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais j’ai horreur d’entendre les médecins me dire cette phrases « Quels sont vos antécédents médicaux » Si tu savais que j’aimerais tant te donner la réponse mais j’en suis incapable tout comme toujours et encore aujourd’hui, je panique quand une personne chère à mon cœur arrive en retard, j’ai peur qu’elle m’abandonne … J’ai mis longtemps à comprendre qu’on pouvait m’aimer et m’apprécier pour ce que je suis, je me confie peu voire très mystérieuse afin de n’être pas déçue et bien évidemment j’ai beaucoup de mal à m’attacher aux gens. J’ai jamais vraiment eu de problème à faire une activité un an ou être dans un établissement scolaire et quitter mes ami(e)s de l’année. Certains diront où penseront de moi que je suis cruel mais je suis dans l’incapacité de pouvoir m’attacher à quelqu’un sans doute que je me dit au plus profond de moi que je souffrirais moins … Cette souffrance qui m’a forgée un caractère de lionne et qui m’a endurcie et rendue plus forte qui fait que je pense qu’on peut passer plus facilement d’autres souffrance car a mes yeux la plus dire a été privé de mère pendant le début de mes années de vie, je suis sûr que même tout petit inconsciemment on se rend compte de notre abandon.
Il aura fallu attendre que je devienne mère à mon tour pour comprendre la mienne du moins arrêter de lui en vouloir et lui pardonner. Cela peut surprendre mais je croyais que j’étais incapable de devenir mère de part mon histoire. Lorsque j’ai dû mettre mon fils en nourrice, j’ai angoissé; cette sensation d’abandon revenait me hanté idem quand je l’ai mis à l’école cet endroit clos me rappelais l’orphelinat. J’étais totalement insécurisee d’autant qu’il rentrait à l’école à l’âge où j’étais encore à l’orphelinat. J’avais la sensation de l’envoyer en prison. J’ai souvent vue l’orphelinat comme ça même si je suis reconnaissante de ce que les Sœurs ont fait pour moi mais au final quand je regarde mes papiers, je me retrouve avec comme j’aime le dire un numéro de matricule et de mon temps on sortait très peu dehors dans cet endroit clos alors oui l’école m’a rappeler cela. J’avais peur pour lui mais au final c’était ma peur à moi qui regaillissait.
Puis j’ai voulu combattre cette peur, un jour d’hiver peu de temps avant Noël; j’ai voulu prendre mon destin en mains et pouvoir également répondre aux questionnements de mon enfant sur l’Inde par la suite, je vous assure que les enfants ont se don rare de faire qu’on se surpasse pour eux car à dire vrai si je n’avais pas ou mon fils je ne sais pas si j’aurais tout d’abord réussi à comprendre les choses vis a vis de ma mère et essayer de faire des recherches. Me connaissant j’aurais sans doute enfuie cela au fond de moi comme un trésor caché.
J’en reviens à ce jour de décembre où il faisait froid dehors et où la féérie de Noel battait son plein dehors. Me demander pas ce qui m’est passé par la tête ce jour là je me suis installé devant mon PC avec un bon chocolat chaud et j’ai essayé de regarder les informations que je pouvais trouver de part mon prénom et année de naissance… Je précise que j’avais déjà écrit aux Sœurs pour essayer d’en savoir plus sur mon histoire et par le biais de mon association mais mes espoirs sont restés vains. C’est tout naturellement que j’ai demandé à l’administrateur du groupe de mon orphelinat si il connaissais quelqu’un qui pouvait m’aider, comprendre ma démarche et qui était assez humain pour prendre part à mes questionnements et incertitudes. C’est là que j’ai entendu parler d’Arun la première fois et de son association. Au début j’ai cru à un rêve on m’avait tellement dit qu’il était impossible de retrouver ces parents dans un pays comme l’Inde. Bref j’ai pas osé regarder tout de suite le FB car il fallait que la pression redescende. J’ai pris le temps de bien regarder le groupe, les informations et les cas qu’Arun avait résolu par le passé et croyez le où pas même pas une semaine après l’ajout au groupe je découvre un cas résolu d’une personne de mon âge et provenant de mon orphelinat. Le destin est curieux parfois. J’ai aussi découvert toute ces notions de trafics d’enfants dont je n’avais pas réellement conscience, ça m’a foutue une sacré claque. Beaucoup d’éléments étaient réunis en moi et j’étais prête à franchir le pas et contacté Arun et Anjali. Remettre mon destin entre leurs mains. Des personnes humaines avec une belle âme qui te comprennent car elles ont vécu et passer les mêmes blessures que toi et tu sais que si tu as besoin elles reponderons toujours présente. J’ai parlé très peu de ma recherche car pour le peu que j’en ai parlé à certains membres de ma famille certains m’ont traité de folle et que je devrais plutôt songer a aller voir un psy ! Je ne cache pas que faire une recherche est un parcours de tout repos, je respire et inspire souvent. Je passe par des moments de doutes, désespoirs, joies enfin je crois que tout y passe mais je me dis toujours que derrière l’ombre brille la lumière. C’est peut être con mais dans ce groupe je sens que on se comprends tous et qu’on est tous de la même famille sans doute parce que nous avons un passé commun semblable et surtout on n’est pas jugé. Merci Arun & Anjali pour votre belle âme, votre soutien, travail acharné tout en sachant que ce n’est pas évident pour vous tous les jours. Je n’aurais jamais assez de mots pour vous remercier. On ne change pas une équipe qui gagne ! Merci aussi aux Crib d’être là et partager vos expériences que je lis avec toujours beaucoup de joie et d’émotions. Merci à vous tous ! N’oubliez jamais que pour savoir où l’on va il faut savoir d’où l’on vient … Never give up !
En conclusion, je pense qu’on guérit jamais réellement d’une adoption, c’est une très grande cicatrice avec laquelle ont doit vivre quotidiennement et continuer à avancer malgré tout et essayer de faire de cette blessure /fêlure une force. Grâce à cela j’ai mûri très rapidement et me suis forgé une force de caractère. Finalement l’adoption c’est un peu comme un Bollywood ! Une grande épopée qui peut nous faire passé du rire aux larmes.