Les défis

par Arun Dohle

Une recherche comporte plusieurs défis qui doivent tous être surmontés.

1) Les barrières culturelle et linguistique. La plupart des adoptés et adoptées ne parlent pas l’hindi ou d’autres langues indiennes.

2) Nous sommes souvent perçus comme un moyen de gagner des $$$. Je fais toujours face à cela, chaque fois que j’essaie de louer une voiture, on me demande toujours de payer plus.

3) Il faut avoir une bonne aide locale. La personne qui aide doit comprendre le processus de l’adoption pour reconstruire les événements. Indispensable pour une recherche.

4) La personne qui aide devra pouvoir traiter avec les autorités telles que la police, les services gouvernementaux et les agences d’adoption. Elle ne devra pas prendre un « non » comme une réponse, ni abandonner une recherche au premier défi.

5) Le plus grand défi consiste à trouver des résidents locaux appropriés, dignes de confiance et capables.

6) En Inde, les adresses ne sont pas telles que nous les connaissons à l’Ouest. On leur attribue souvent des points de repère, plutôt que des chiffres, et les points de repère (tels que les magasins) peuvent changer. S’il y a une adresse, il peut s’agir d’une ancienne adresse. De plus, les gens ont peut-être déménagé. Parfois, les gens sont décédés. La piste s’est effacée.

8) Nous ne pouvons pas simplement frapper à la porte d’une femme qui, au moment de notre naissance, était une « mère célibataire » stigmatisée et a peut-être maintenant des enfants et un mari. Presque personne ne connaît notre existence. La recherche doit être effectuée dans le plus grand respect de la situation actuelle de la mère. Nous sommes très prudents et discrets. Notre expérience et notre capacité sont là au cas où quelque chose se passerait mal. Nous pouvons réellement faire face à la situation.

Je suis d’avis que, dans le cas des mères célibataires, les recherches ne devraient être effectuées que par des travailleurs ou travailleuses sociaux indiens qualifiés et titulaires d’une maîtrise. Et non des détectives privés, des journalistes ou la première personne disposée à aider.

Je ne peux pas effectuer de recherche moi-même, même si j’ai passé beaucoup de temps en Inde. Comme vous tous, j’ai besoin de l’aide d’un expert local. Heureusement, nous avons la chance d’avoir l’une des meilleurs en Inde, Anjeli Pawar, travailleuse sociale qualifiée et également diplômée en droit qui a déjà eu la possibilité de retrouver 40 mères.

7) Nos adoptions n’étaient pas des adoptions. En vertu de la loi indienne, nous n’avons pas été légalement adoptés, nous étions placés sous tutelle avec des étrangers. Nous avons ensuite été emmenés à l’étranger et adoptés dans un autre pays.

8) La plupart des adoptés et adoptées n’ont pas leur acte de naissance original, mais un affidavit de l’orphelinat indiquant la date de naissance et le document de renonciation / d’abandon par la mère.

9) Le document de renonciation, qui devrait contenir le nom et l’adresse de la mère, ne se trouve ni dans le dossier judiciaire indien, ni chez les parents adoptifs, ni à CARA (qui n’a été créée qu’en 1995), nià l’agence d’adoption, ni les autorités du pays d’accueil.

Notre identité d’origine a été effacée de facto.

10) Les orphelinats ne sont généralement pas coopératifs. Ils peuvent donner un prénom, peut-être un nom de famille, une religion et la région – si vous avez de la chance. Ils vous montrent rarement tous les fichiers qu’ils ont. La plupart d’entre eux ne savent même pas quels fichiers ils sont tenus de conserver.

11) Les orphelinats et les agences d’adoption n’ont ni l’expérience, ni l’intérêt, ni la capacité de faire des recherches. Et étant donné que la plupart d’entre eux ont été impliqués dans des adoptions illégales, ce serait un conflit d’intérêts pour eux de s’impliquer dans des recherches.

12) Les agences d’adoption estiment que les recherches empêchent les mères célibataires de leur donner leurs enfants. Elles prétendent que si les bébés n’étaient pas adoptés, ils seraient littéralement jetés à la poubelle. Par conséquent, elles n’ont souvent aucun intérêt à aider les adoptés et adoptées.

13) Si l’agence d’adoption avait effectivement fait quelque chose de mal dans le processus de l’adoption, elle ne voudrait certainement pas que cela soit révélé.

14) Les autorités indiennes n’ont ni le budget, ni la motivation, ni l’expérience pour effectuer des recherches.