Rencontrez le duo qui lutte contre l’adoption illégale et le trafic d’enfants depuis des années

Arun et Anjali ont jusqu’à présent réuni environ 40 adoptés avec leurs parents biologiques.

Le voyage de Jyothi Svahn, une ressortissante suédoise,  pour retrouver son père biologique a pris fin vers la dernière semaine d’octobre 2016.

Lors des retrouvailles déchirantes, Jyothi, venue de Suède par avion, a rencontré son père, Dasaratha Rao, après 23 longues années passées dans sa maison de Chamrajpet, à Bengaluru.

« La paix intérieure que je désirais ardemment est venue en moi », a déclaré Jyothi à The News Minute.

Mais derrière cette fin heureuse, des mois de travail acharné et de persévérance ont été accomplis par deux personnes, Arun Dohle et Anjali Pawar, qui ont facilité les retrouvailles.

Anjali (left) with Arun; Against Child Trafficking/Facebook

Arun, cofondateur de l’ONG Against Child Trafficking (ACT), est lui-même un adopté qui a dû se battre pendant 17 années pour avoir accès aux dossiers originaux concernant sa mère biologique.

En 1973, un couple allemand avait adopté Arun, alors âgé de deux mois à peine, de la Kusumbai Motichand Mahila Seva Gram (KMMSG) à Pune. Sa mère l’aurait abandonné parce qu’elle n’était pas mariée au moment où elle lui avait donné naissance.

Arun, un consultant financier, avait commencé à chercher ses racines au milieu de la vingtaine, mais toutes ses demandes pour obtenir ses documents d’adoption avaient été contrecarrées par l’orphelinat.

N’étant pas du genre à abandonner facilement, Arun s’était rendu jusqu’à la Cour suprême de l’Inde qui, dans un arrêt historique de 2010, lui avait permis d’accéder aux dossiers.

Trois mois plus tard, il rencontrait sa mère pour la première fois alors qu’ils se trouvaient face à face dans un restaurant.

« Je comprends leur douleur », dit Arun.

 

Comment tout a commencé

Au cours de sa recherche pour sa mère biologique, Arun a fondé ACT en 2008.

C’était également au même moment que le Central Bureau of Investigation (Bureau central d’enquête) enquêtait sur l’une des plus grandes escroqueries en matière de trafic en Inde.

Des trafics d’adoptions illégales basés à Chennai avaient enlevé 305 enfants et les avaient donnés pour l’adoption à des gens en Australie, aux Pays-Bas et en Amérique. ACT a aidé le CBI à suivre quelques-uns de ces enfants.

Nagarani and Kathiravel

Nagarani and Kathiravel

Une nuit de 1999, Kathiravel, un coolie, et sa femme Nagarani avaient déroulé des nattes à l’extérieur de leur hutte, dans la colonie Pulainthope de Chennai. La famille dormait béatement mais avaient réalisé au réveil avec horreur que leur fils Satheesh, âgé d’un an et demi, avait été enlevé.

Des années d’enquêtes (menées par CBI, assisté par ACT) ont permis de retrouver Satheesh à Zwolle-Lelystad aux Pays-Bas. Satheesh était alors devenu Rohit Shivam Bissesar, un enfant en bas âge qui n’avait aucun souvenir de ses parents biologiques. Malgré un combat courageux, la Cour européenne des droits de l’homme aux Pays-Bas n’a jamais permis un test d’ADN.

Dekla Selvam

En 1996, Dekla Selvam, une pêcheuse de Kanyakumari, avait laissé quatre de ses enfants au Service social malaisien, qui leur avait promis de leur offrir une éducation de qualité à l’étranger. Elle a été consternée d’apprendre plus tard qu’ils avaient été donnés en adoption.

« Nous avons aidé Dekla à retrouver ses enfants, Kapil et Lisa, qui s’appelaient alors Miquel et Melissa. L’adoption n’avait pas bien fonctionné et les enfants avaient été confiés aux soins de l’État néerlandais. Un jour, quelqu’un a emmené les enfants rencontrer Dekla. Notre collègue indien était également allé là-bas. Melissa voulait passer plus de temps avec sa mère, mais n’a pas été autorisée », explique Arun.

Jusqu’à présent, son organisation a réuni environ 40 adoptés avec leurs parents biologiques, en Inde et dans d’autres pays, y compris en Éthiopie.

Depuis des années, Arun lutte contre le trafic et les adoptions illégales, en particulier d’enfants indiens.

Fatima and Salya whose children too had been kidnapped

Points de vue sur l’adoption

Anjali Pawar, avocate et présidente de l’ONG Sakhee, assiste ACT depuis plusieurs années.

Certaines des observations qu’elle a faites tout en travaillant sur ces affaires sont que les mères célibataires veulent généralement garder leurs enfants, mais souvent, on les convainc de les abandonner ou même  on les menace.

« Et la mère doit donc vivre avec un sentiment de culpabilité », dit-elle.

Anjali estime que l’adoption n’est pas une mesure de protection de l’enfant et même si l’enfant est orphelin, il pourrait toujours avoir une famille élargie.

Mais que se passe-t-il si l’enfant n’a pas ou n’est pas en contact avec d’autres membres de la famille? De tels cas sont très peu nombreux, dit-elle.

Arun dit que si les parents ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants, ils devraient être placés en famille d’accueil ou établissements de soins. « Les parents peuvent vivre une crise temporaire, qui pourrait être résolue à l’avenir. Le gouvernement a le devoir d’aider les parents ou les mères célibataires à s’occuper de leurs enfants », déclare-t-il.

Tous deux considèrent également que l’adoption est une mesure extrême et que l’adoption internationale non seulement sépare les enfants de leurs parents, mais crée également une perturbation permanente en termes de langue et d’identité.

Dans le cas de Jyothi, elle dit que même si ses parents adoptifs la soutenaient, elle avait eu du mal à s’adapter dans le pays. « Je m’ennuyais de ma famille en Inde. »

Arun associe ensuite l’adoption internationale à la traite car « il y a tant d’argent impliqué dans le processus. »

Cependant, il mentionne que les règles sont en train de changer et que nous avons besoin d’un organisme indépendant en Inde qui assiste les personnes adoptées.

Jyothi meeting her father

Arun associe ensuite l’adoption internationale à la traite car « il y a tant d’argent impliqué dans le processus. »

Cependant, il mentionne que les règles sont en train de changer et que nous avons besoin d’un organisme indépendant en Inde qui assiste les personnes adoptées.

Challenges

Les défis

« Les autorités gouvernementales nous combattent. La mafia de l’adoption est impliquée dans cette affaire. Et nous n’avons aucun financement disponible », a déclaré Anjali.

Le soir des retrouvailles de Jyothi, Arun et Anjali ont attendu dans le restaurant de l’hôtel pour la rencontrer avec quelques amis de plus.

« Nous n’avions même d’argent pour réserver une chambre d’hôtel quand nous sommes arrivés ici », rigole Anjali. Ils ont utilisé la carte de crédit d’un ami à la fin.

La majeure partie du financement d’ACT provient de dons. « Nous ne pouvons pas facturer les victimes », ajoute Arun.

http://www.thenewsminute.com/article/meet-duo-who-have-been-fighting-illegal-adoption-and-child-trafficking-years-52589